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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/160

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Vivaldi, qui la voyait tous les jours à la grille, s’était abstenu pendant tout ce temps de renouveler des instances qui, en agitant l’esprit d’Elena, pouvaient retarder le rétablissement de sa santé. Mais quand il la vit plus affermie, il se hasarda, par degrés, à lui exprimer la crainte que le lieu de sa retraite ne fût découvert et qu’elle ne lui fût ravie une seconde fois. Danger dont leur mariage pouvait seul les garantir. À chaque visite, Vivaldi revenait sur ce sujet, n’épargnant ni les arguments ni les sollicitations. Il réclamait aussi l’exécution de la promesse donnée par Elena elle-même en présence de sa tante, en lui rappelant que, sans une déplorable catastrophe, la jeune fille aurait depuis longtemps déjà comblé ses vœux. Enfin, il la conjurait de faire cesser l’incertitude où il vivait et de lui donner le droit de la protéger hautement avant de quitter son refuge momentané.

L’émotion du jeune homme, plus encore que ses raisons, toucha fortement le cœur d’Elena et, sa tendresse se réveillant plus vive avec sa reconnaissance, elle se reprocha de sacrifier au soin de sa dignité le bonheur d’un homme qui avait bravé de si grands dangers pour lui prouver son amour. Elle le congédia un jour en lui permettant quelque espoir et promit de l’instruire, le lendemain, de sa dernière résolution.

Jamais nuit ne fut pour le jeune homme si longue ni si pénible à passer. Seul, sur les bords du lac, agité tour à tour d’espérance et de crainte, il s’efforçait de prévoir cette décision d’où dépendait tout son bonheur, tantôt l’appelant de ses vœux, tantôt le redoutant.