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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/188

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Absorbé dans ses pensées et agité par les mouvements de sa conscience, il se jeta sur une chaise et y demeura longtemps immobile. D’un côté, ce qui lui restait de cœur se soulevait contre le crime qu’il avait médité ; de l’autre, en songeant que les objets de son ambition lui échappaient s’il renonçait à l’accomplir, il s’étonnait de son hésitation. Ce n’était pas sans surprise qu’il démêlait en lui-même certains traits de son caractère dont il ne s’était pas encore rendu compte et que les circonstances développaient. Il ne savait comment s’expliquer les contradictions et les incohérences entre lesquelles il flottait ; combat étrange entre ses sentiments, dont son esprit était le juge. Pourtant, à cet instant précis où il cherchait en quelque sorte à s’analyser, il ne voyait pas clairement que l’orgueil était le principal mobile de ses actions. Dès sa première jeunesse, cette passion s’était montrée dominante chez lui en toutes circonstances et influait puissamment sur toute sa vie.

Le comte de Marinella, car tel était le nom que Schedoni avait d’abord porté, était le plus jeune enfant d’une ancienne famille du duché de Milan établie dans le voisinage des montagnes du Tyrol. La part de patrimoine héritée de son père n’était pas considérable, et le jeune comte n’avait ni l’activité laborieuse nécessaire pour l’améliorer, ni l’esprit d’ordre et d’économie qui aurait pu la lui conserver. Sa vanité souffrait de se voir inférieur en fortune à ceux dont il se croyait l’égal en dignité. Dénué des sentiments généreux et de la solide raison qui font ambitionner la vraie grandeur,