Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/21

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il ne saurait m’échapper ; s’il ne se montre pas, j’attendrai son retour avec la même constance qu’il a attendu le mien ; oui, dussé-je m’enfoncer dans ces ruines, et dussé-je y périr !

Bonarmo fut frappé de la véhémence que Vivaldi mit dans ces derniers mots ; cessant dès lors de s’opposer à son dessein, il le pria seulement de considérer qu’il était assez mal armé.

— Chut ! dit Vivaldi, au détour d’une roche qui surplombait leur route. Nous approchons de l’endroit : voici la voûte.

En effet, elle se dessinait dans l’obscurité, entre deux montagnes taillées à pic.

Ils marchaient en silence et d’un pas léger, jetant autour d’eux des regards méfiants, et s’attendant à voir d’un instant à l’autre le moine sortir d’entre les rochers ; mais ils arrivèrent à la voûte sans avoir rencontré le moindre obstacle.

— Eh bien, dit Vivaldi, nous voilà ici avant lui.

En disant ces mots, le jeune comte s’appuya contre la muraille, au milieu de la voûte, près d’un escalier taillé dans le roc. Après quelques moments de silence, Bonarmo, qui songeait à tout ce qui s’était passé, demanda à son ami :

— Croyez-vous réellement que nous puissions parvenir à saisir ce personnage ? Il a passé à côté de moi avec une rapidité surprenante, et je suis enclin à croire qu’il y a en lui quelque chose de surnaturel. Mais aussi de quelles circonstances extraordinaires son apparition n’a-t-elle pas été entourée ? Comment a-t-il su votre nom, lorsqu’il vous a interpellé pour la première fois ? S’il vous a averti