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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/216

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sortir du même côté de l’édifice et venir à elle. Il lui prit les mains en lui disant :

— Avez-vous vu passer quelqu’un ?

— Oui, dit-elle, j’ai vu un homme blessé traverser la cour, et j’ai craint un instant que ce ne fût vous.

— Vous êtes sûre qu’il est blessé ? reprit le moine.

— Trop sûre, dit faiblement Elena. Mais je vous en prie, partons tout de suite, et épargnez ce malheureux.

— Que j’épargne un assassin ! répondit Schedoni avec impatience.

— Un assassin ! Il a donc attenté à votre vie ?

Schedoni ne répondit pas ; mais, quittant la cour brusquement, il examina les traces de sang qui se perdaient dans les hautes herbes jusqu’à l’entrée des caveaux souterrains où il eût été inutile, sinon imprudent, de s’engager. Cette vaine recherche le rendit soucieux ; enfin il se décida à aller avec le guide reprendre les chevaux où on les avait laissés. Puis nos voyageurs, remontant à cheval, quittèrent ces ruines en silence. Ils furent longtemps trop occupés des impressions qu’ils venaient de recevoir pour renouer l’entretien. À la fin cependant, Elena s’informa de ce qui s’était passé ; elle apprit que Schedoni, poursuivant Spalatro dans le défilé, n’avait fait que l’entrevoir, et que le bandit lui avait échappé par des détours.

— Nous avons eu assez de peine, dit le guide, à courir après ce coquin-là. Mais vous lui avez coupé les ailes, signor, et il ne pourra pas nous suivre de longtemps, car votre coup de pistolet l’a frappé à l’épaule.