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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/223

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la liberté de Vivaldi ; mais la conduite à tenir sur ce point dépendrait du résultat de sa conférence avec la marquise. Il se décida donc, quelque pénible que fût pour lui la perspective d’une explication, à voir cette femme dès le lendemain matin, et il passa la nuit à préparer les arguments dont il pourrait se servir pour l’amener à ses nouvelles fins.


En arrivant au palais Vivaldi, Schedoni apprit que la marquise était dans une de ses maisons de campagne sur la baie, et il s’y rendit aussitôt. Il la trouva étendue sur un sofa, près d’une fenêtre ouverte, les yeux fixés sur le magnifique panorama qui se déroulait devant elle, mais insensible à ce beau spectacle, tout absorbée qu’elle était au-dedans d’elle-même par les images fantastiques que ses passions semblaient évoquer. Ses traits étaient altérés par un mélange de mécontentement et de langueur. Elle accueillit le confesseur avec un sourire contraint, et lui tendit une main qu’il ne put prendre sans frissonner.

— Mon cher père, lui dit-elle, je suis fort aise de vous revoir. Vos bonnes paroles m’ont bien fait défaut ces derniers temps, et c’est aujourd’hui plus que jamais que je sens le besoin de les entendre.

Elle fit signe au domestique de se retirer, tandis que Schedoni, debout près de la fenêtre, s’efforçait de cacher son agitation. Quelques mots obligeants