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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/273

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qui luiront peut-être sur le soir de ma vie.

C’était la première fois que sœur Olivia faisait allusion à ses malheurs. Sa jeune amie désirait et n’osait lui demander des explications sur ce sujet. Mais la religieuse, s’efforçant de chasser de pénibles souvenirs, lui dit avec un sourire languissant :

— Maintenant, dites-moi à votre tour, ma chère Elena, ce qui vous est arrivé depuis les tristes adieux que vous m’avez faits dans les jardins de San Stefano.

C’était là une tâche difficile pour la jeune fille. Elle pria son amie de la dispenser de certains détails et, gardant un silence absolu sur Schedoni, elle raconta la manière dont elle avait été séparée de Vivaldi, sur les bords du lac Celano, et ne fit qu’un récit sommaire de ce qui lui était arrivé ensuite jusqu’à ce qu’elle eût trouvé un refuge au couvent de la Pietà.

Cet entretien ne fut interrompu que par la cloche du soir qui, appelant les religieuses à la prière, sépara les deux nouvelles compagnes.

Elena, dans les journées qui suivirent, observa avec autant de surprise que de chagrin la mélancolie profonde dont les traits de sœur Olivia portaient l’empreinte ; mais un intérêt plus puissant encore vint faire diversion à celui-là.

Un jour, elle vit entrer dans sa chambre sa vieille servante Béatrice, dont l’air troublé annonçait quelque événement extraordinaire et probablement malheureux ; et, comme Vivaldi occupait toujours sa pensée, elle ne douta pas que Béatrice ne vînt lui parler de lui.