Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/28

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marquise de Vivaldi attachent aux avantages de la naissance. Votre projet doit choquer leurs idées, à moins toutefois qu’ils ne l’ignorent. En tout cas, je dois vous déclarer, monsieur le comte, que si ma nièce leur est inférieure par le rang qu’elle occupe dans le monde, elle n’a pas à un moindre degré qu’eux-mêmes le sentiment de sa dignité.

Vivaldi, incapable de déguiser la vérité, avoua ingénument les dispositions de sa famille. Mais sa sincérité même, et l’énergie d’une passion trop éloquente pour ne pas commander la sympathie, radoucirent la signora Bianchi. Et puis elle se voyait, par son âge et ses infirmités, suivant le cours de la nature, sur le point de laisser Elena orpheline, seule au monde, sans parents et sans amis. Si jeune que deviendrait-elle ?…

Sa beauté et son peu de connaissance du monde l’exposaient à des dangers qui faisaient d’avance frémir la bonne dame. Une telle perspective pouvait justifier l’oubli de certaines convenances qui, en d’autres circonstances, auraient été toutes-puissantes sur elle. Devait-elle refuser d’assurer à sa nièce la protection d’un homme d’honneur qui aspirait à être son époux… Et si sa délicatesse se révoltait à l’idée de faire entrer Elena dans une famille qui la repoussait, sa tendresse et sa sollicitude pour cette chère enfant n’atténuaient-elles pas, devant sa conscience, le blâme auquel elle s’exposait ?

Mais, avant de prendre une décision, elle devait s’assurer du degré de confiance que Vivaldi méritait.