Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/47

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courir à elle, puis modérer ses transports de peur qu’elle ne fût blessée de sa joie au milieu du deuil qui la frappait, ce fut un double mouvement prompt comme l’éclair. Ses premières émotions calmées, il ne voulut pas distraire longtemps la jeune fille des soins pieux par lesquels s’exhalait sa douleur, et ce fut un soulagement pour elle de voir qu’il les partageait. En la quittant, il s’entretint encore avec Béatrice, et il apprit d’elle que la signora Bianchi s’était retirée le soir précédent aussi bien portante que d’habitude.

— Vers une heure du matin, dit-elle je fus tirée de mon premier sommeil par un bruit inaccoutumé qui venait de la chambre de madame. J’essayai de me rendormir, mais le bruit recommença bientôt ; puis j’entendis la voix de ma jeune maîtresse.

« Béatrice ! Béatrice ! criait-elle. » Je me levai ; elle vint à ma porte, toute pâle et toute tremblante. « Ma tante se meurt ! me dit-elle. Venez vite ! » Et elle s’en alla sans attendre ma réponse. Sainte Vierge ! je crus que j’allais m’évanouir…

— Eh bien ? dit Vivaldi, votre maîtresse…

— Ah ! la pauvre dame ! Quand j’arrivai elle était couchée tout de son long, essayant de parler et ne le pouvant pas. Elle conservait cependant sa connaissance ; car elle serrait la main de la signora Elena et fixait sur elle des yeux pleins de tendresse ; quelque chose semblait lui peser sur le cœur. C’était un spectacle à fendre l’âme ! Ma pauvre jeune maîtresse était abîmée dans la douleur. On a essayé de toute sorte de remèdes, mais la pauvre dame n’a pu avaler ce que le docteur avait ordonné. Sa faiblesse augmentait