Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/49

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— Quoi ? elle n’a reçu aucune visite ces jours passés ?

— Nulle autre que vous et le signor Giotto. La seule personne qui soit entrée, ici, il y a environ trois semaines, est une sœur du couvent de Santa Maria de la Pietà qui venait chercher les broderies de ma jeune maîtresse.

— Et vous êtes certaine qu’il ne s’est pas présenté d’autres personnes ?

— Aucune, excepté le pêcheur et le jardinier. Ah ! et puis le marchand de macaroni ; car il y a loin d’ici à Naples, et je n’ai guère le temps d’y aller.

— Nous parlerons de cela une autre fois, dit Vivaldi. Mais faites-moi voir le visage de la défunte sans qu’Elena en sache rien ; et surtout, Béatrice, gardez vis-à-vis de votre jeune maîtresse le silence le plus absolu.

— N’ayez crainte, monsieur.

— Croyez-vous qu’elle ait conçu quelque soupçon, tout comme vous ?

— Pas le moindre, je vous assure.

Vivaldi s’éloigna de la villa Altieri, en méditant sur le sinistre événement dont cette demeure avait été le théâtre, et sur l’espèce de prophétie du moine, qui se liait d’une si étrange manière à la mort soudaine de la signora Bianchi. Alors, pour la première fois, l’idée lui vint que ce moine, cet inconnu, pouvait bien être Schedoni lui-même, dont il avait remarqué depuis peu les fréquentes visites chez la marquise sa mère. Cette supposition donna naissance à un soupçon, qu’il repoussa d’abord avec horreur, mais qui revint bientôt avec plus de force a