Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/55

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Vivaldi, en prononçant ces mots avec un mélange de dignité et d’énergie, les adressa à Schedoni, en le regardant bien en face, comme s’il voulait l’en frapper au cœur. Soit conscience troublée, soit orgueil blessé, les yeux de Schedoni brillèrent d’un éclat sinistre, et le jeune homme crut un instant avoir devant lui un scélérat capable des plus noirs forfaits. Mais ce ne fut qu’un éclair ; le religieux se remit aussitôt ; il ne lui restait plus que sa dureté de regard habituelle.

— Monsieur, dit-il à Vivaldi, quoique je ne sache rien du motif de vos ressentiments, je ne puis me dissimuler qu’ils semblent m’avoir pour objet. Votre intention serait-elle donc de m’appliquer les propos outrageants dont vous vous êtes servi ?

— Je les applique, s’écria le jeune homme avec emportement, aux auteurs des persécutions que j’éprouve !

— En ce cas, répondit Schedoni avec le plus grand calme, je n’ai point à m’en plaindre. Si vous n’élevez d’accusation que contre ceux qui vous ont fait souffrir, quels qu’ils puissent être, ce n’est pas à moi de vous répondre.

La tranquillité du confesseur, alors qu’il prononçait ces mots, désarma Vivaldi et le rendit à ses incertitudes. Était-il possible qu’un coupable pût conserver, au moment même où on lui reprochait son crime, la dignité paisible que montrait Schedoni ? Le jeune homme se condamna lui-même pour sa précipitation aveugle et, non moins prompt dans le repentir que dans la colère, il s’empressa d’avouer sa faute. La franchise de cet aveu eût touché un cœur généreux ; mais Schedoni l’accueillit avec une feinte