Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/65

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quelques frêles pièces de bois. Il était si élevé que de loin on croyait le voir suspendu dans le ciel. Elena ferma les yeux et recommanda son âme à Dieu pendant ce périlleux passage. De l’autre côté de la gorge, le chemin continuait à descendre le long du torrent pendant l’espace d’un mille environ et débouchait sur de larges et riches campagnes, en face des belles montagnes qu’on avait entrevues au fond du défilé : il semblait qu’on passât de la mort à la vie. Mais ce tableau et ces contrastes cessèrent d’occuper l’esprit d’Elena lorsque, sur une des plus hautes montagnes qui se dressaient devant elle, elle distingua les clochers d’un monastère qui lui parut être le terme de son voyage.

Comme le chemin était devenu trop roide et trop étroit pour un carrosse, ses deux guides descendirent et l’obligèrent à mettre aussi pied à terre. Elle les suivit par un sentier tournant, ombragé de myrtes, d’amandiers, de jasmins et d’autres arbustes odorants. Ces bosquets laissaient voir par intervalles une plaine verdoyante qui s’étendait au bas des montagnes des Abruzzes. En avançant, on distinguait l’une après l’autre les différentes parties d’un vaste édifice : les tours et les clochers de l’église, les toits du cloître découpés à angles aigus, les murs des terrasses surplombant des précipices et l’antique portail donnant accès dans la cour principale. Après avoir passé à côté de plusieurs chapelles rustiques et devant des statues de saints abritées sous des grottes ou à demi cachées par des ronces, les compagnons d’Elena s’arrêtèrent près de la petite niche d’une madone, à quelques pas du sent