Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/71

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Vivaldi, ignorant tout de ce qui s’était passé à la villa Altieri, était encore sous le coup de l’impression profonde produite sur son esprit par les avis du moine, son persécuteur. Il persistait dans la résolution de faire les plus grands efforts pour découvrir l’étrange personnage qui avait pris à tâche de surveiller ses pas et de troubler son repos. Il se décida donc à se rendre vers minuit à la forteresse de Paluzzi, avec des torches, pour en parcourir les ruines. La difficulté principale était de trouver quelqu’un qui voulût bien l’y accompagner, car Bonarmo persistait dans son refus. D’un autre côté, Vivaldi ne se souciait pas de confier au premier venu les motifs de son entreprise. Il finit donc par prendre le parti d’emmener Paolo, son domestique.

Il était nuit close lorsqu’ils sortirent de Naples. Paolo était un vrai Napolitain, fin, curieux, adroit ; et Vivaldi, à qui plaisaient sa gaieté et son esprit original, lui permettait une liberté de parole et une familiarité peu communes entre un maître et un valet. En chemin, il lui apprit de ses aventures ce qu’il était nécessaire qu’il en sût pour tenir en haleine sa curiosité et son zèle. Rieur et brave, Paolo était dégagé de toute superstition. Aussi, voyant que son maître n’était pas éloigné d’attribuer à une cause surnaturelle ce qui lui était arrivé dans les ruines de Paluzzi, se mit-il à plaisanter là-dessus à sa façon ; mais Vivaldi n’était pas d’humeur à le supporter.