Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous amener au rôle dégradant de son adorateur.

Le jeune homme se récria. Il avoua son amour à son père. Celui-ci entra dans une violente colère.

Vivaldi défendit l’honneur d’Elena avec la déférence d’un fils, quoique avec la dignité d’un homme. Ils se séparèrent fort irrités l’un et l’autre.

Le soir même, la marquise l’envoya chercher pour lui faire subir une scène analogue à celle qu’il avait eue avec son père, avec cette différence qu’elle l’interrogea avec plus d’adresse et l’observa avec plus de sagacité.

Vivaldi qui ne connaissait pas le caractère astucieux de sa mère, la quitta sans se laisser détourner de son but. Mais la marquise, désespérant de triompher à force ouverte, avait pris pour auxiliaire un homme doué du genre de talents qu’il fallait.

Il y avait alors cher les Dominicains du couvent de Spirito-Santo, à Naples, un religieux appelé le père Schedoni. Sa famille était inconnue et lui-même avait grand soin, en toute occasion d’étendre sur son origine un voile impénétrable. On ignorait jusqu’au lieu de sa naissance. On croyait cependant qu’il était homme de condition et qu’il avait joui de quelque fortune. Son caractère trahissait l’orgueil d’une ambition déçue. Son aspect ne prévenait pas en sa faveur. Il était d’une taille élancée et mince. Il y avait dans son air je ne sais quoi de fantastique et de surnaturel. On voyait sur ses traits une expression indéfinissable et ses yeux étaient si perçants qu’ils semblaient pénétrer dans les profondeurs du cœur humain. Peu de personnes savaient supporter ce regard d’aigle et celui qui en avait subi l’effet évitait de le rencontrer une seconde