Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/46

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laire.

Mais Schedoni se trompait sur les motifs de résistance du bandit. Soit que l’innocence et la beauté d’Elena eussent adouci sa férocité, soit que sa conscience ravivât le remords de ses crimes, Spalatro refusa résolument d’assassiner lui-même la malheureuse enfant. Ses scrupules étaient pourtant d’une nature étrange, car tout en repoussant l’exécution même du meurtre, il consentit à attendre au pied de l’escalier, que la victime fût égorgée pour porter son cadavre à la mer.

— Donne-moi le stylet, dit enfin le moine impatienté, prends le manteau et suis-moi dans l’escalier.

Spalatro ouvrit sans bruit la porte de la chambre où était enfermée Elena et le moine entra. Il s’approcha doucement du lit sur lequel reposait l’orpheline. Il l’examina un instant. Le sommeil de la pauvre enfant était agité et ses traits étaient altérés.

Schedoni assura son poignard dans sa main droite et se pencha vers sa victime, cherchant l’endroit où il allait la frapper. Il abaissa le mouchoir qui entourait le cou d’Elena et brandit son arme. À ce moment, un objet nouveau lui causa un saisissement étrange. Il resta quelque temps les yeux fixes, immobile. Une sueur froide coula sur son front ; le poignard tomba de sa main. Il jeta de nouveau les yeux sur l’objet qui l’avait frappé et qui était une miniature suspendue au cou d’Elena. Le souvenir que cette image avait éveillé en lui devint si impérieux qu’il oublia toute prudence et qu’il s’écria d’une voix forte :

— Réveillez-vous ! réveillez-vous ! Quel est votre nom ? Ah ! parlez, au nom au ciel, parlez vite !

Réveillée brusquement par cette voix inconnue, Elena se souleva sur sa couche, et