Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/141

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vient, écoutez cette voix. Ils entendirent, en effet, une voix douce, harmonieuse et tendre, mais dont les sons foiblement articulés ne permettoient de rien distinguer qui ressemblât à des mots. Bientôt elle s’arrêta, et l’instrument qu’on avoit entendu, fit entendre les accords les plus doux. — Saint-Aubert observa que les tons en étoient plus pleins, plus mélodieux que ceux d’une guitare, et encore plus mélancoliques que ceux d’un luth. Ils continuèrent d’écouter, mais les sons ne revinrent plus. — Cela est étrange, dit Saint-Aubert, qui rompit enfin le silence : — Très-étrange, dit Emilie. — Cela est vrai, dit Voisin ; et ils restèrent en silence.

Après une longue pause, Voisin reprit : Il y a environ dix-huit ans, que, pour la première fois, j’entendis cette musique ; c’étoit, je m’en souviens, par une belle nuit d’été comme celle-ci, mais il étoit plus tard. Je me promenois dans les bois, j’étois seul ; je me souviens aussi que j’étois fort affecté, j’avois un de mes enfans malade, et nous craignions beaucoup de le perdre ; j’avois veillé près de son lit toute la soirée pendant que sa mère dormoit ; car elle l’avoit veillé toute la nuit précédente. Je sortis pour prendre un peu l’air, la journée