Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/181

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rayons obliques jouoient entre les branches, et portaient précisément sur les tourelles du vieux château. Emilie s’arrêta avant de quitter le bois, elle ne put voir sans émotion l’heureux groupe arrangé devant elle ; la complaisance et la gaîté de la vieillesse qu’exprimoit la physionomie de Voisin ; la tendresse maternelle d’Agnès, qui jetoit sur ses enfans des regards caressans et satisfaits ; l’innocence enfin des plaisirs enfantins qui s’annonçoient dans leurs sourires. Emilie regardoit ce vieillard vénérable ; elle jeta enfin les yeux vers la chaumière ; mais l’image de son père assaillit son cœur avec tant de force, qu’elle se hâta d’avancer, n’osant se fier à elle-même. Elle fit à la famille les adieux les plus tendres et les mieux sentis ; Voisin l’aimoit comme sa fille, et versoit des larmes. Emilie en répandit : elle évita d’entrer dans la chaumière ; elle auroit renouvelé des impressions trop cuisantes, et elle n’avoit plus maintenant assez de force pour les soutenir.

De retour au couvent, Emilie se décida à visiter encore une fois le tombeau de son père. Elle avoit appris qu’un passage souterrain conduisoit de l’église des religieuses, à ce tombeau ; elle attendit que tout le monde fût retiré, excepté la reli-