Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/20

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où les dernières clartés l’éteignent, où les étoiles, l’une après l’autre, viennent briller dans l’espace et se réfléchir sur le miroir des eaux ; moment touchant et doux, où l’ame dilatée s’ouvre aux plus tendres sentimens, aux contemplations les plus sublimes. Quand la lune, de ses rayons argentés, perçoit l’épais feuillage, Saint-Aubert restoit encore ; et souvent il se faisoit apporter sous son arbre favori le laitage et les fruits qui composoient son souper. Quand la nuit étoit close, le rossignol chantoit, et ses mélodieux accens réveilloient au fond de son ame une douce mélancolie.

La première interruption du bonheur qu’il avoit connu dans sa retraite, fut occasionnée par la mort de ses deux fils. Il les perdit à cet âge où les graces enfantines ont tant de charmes ; et quoique, par égard pour madame Saint-Aubert, il eût modéré l’expression de sa douleur, et se fût efforcé de la soutenir en philosophe, il n’avoit point de philosophie à l’épreuve de pareilles pertes. Une fille étoit désormais son unique enfant. Il veilla sur le développement de son caractère, et travailla sans relâche à la maintenir dans les dispositions les plus propres au bonheur. Elle avoit annoncé, dès ses premiers ans, une rare