Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/201

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ne fussent ceux mêmes dont la lecture lui causoit alors tant d’émotion.

La vie solitaire qu’Emilie avoit menée, les mélancoliques sujets de ses pensées habituelles, l’avoient rendue susceptible de croire aux revenans, aux fantômes ; c’étoit la preuve d’un esprit fatigué. Combien il étoit affreux qu’une raison aussi solide que la sienne pût céder, même un seul instant, aux rêveries de la superstition, ou plutôt aux écarts d’une imagination trompeuse ! C’étoit sur-tout en se promenant le soir dans la maison devenue déserte, qu’elle avoit frémi plus d’une fois à de prétendues apparitions, qui ne l’auroient jamais frappée lorsqu’elle étoit heureuse ; telle étoit la cause de l’effet qu’elle éprouva, quand élevant les yeux pour la seconde fois, sur la chaise placée dans un coin obscur, elle y vit l’image de son père. Emilie resta dans un état de stupeur, puis sortit précipitamment. Bientôt elle se reprocha sa foiblesse, en accomplissant un devoir aussi sérieux, et elle r’ouvrit le cabinet. D’après l’instruction de Saint-Aubert, elle trouva bientôt la pièce de parquet qu’il avoit décrite ; et dans le coin, près de la fenêtre, elle reconnut la ligne qu’il avoit désignée ; elle appuya, la planche glissa d’elle-même. Emi-