Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/213

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moment, de surveiller votre conduite, je suis obligée de m’en charger ; mais sachez bien, ma nièce, que si vous ne vous déterminez pas à la plus grande docilité, je ne me tourmenterai pas long-temps à votre sujet.

Emilie n’essaya point de répondre. La douleur, l’orgueil, le sentiment de son innocence, la continrent jusqu’au moment où la tante ajouta : Je suis venue vous chercher pour vous mener à Toulouse. Je suis fâchée, après tout, que votre père soit mort avec si peu de fortune. Quoi qu’il en soit, je vous prendrai dans ma maison. Il fut toujours plus généreux que prévoyant, votre père ; autrement il n’eût pas laissé sa fille à la merci de ses parens.

— Aussi ne l’a-t-il pas fait, dit Emilie avec sang-froid. Le dérangement de sa fortune ne vient pas entièrement de cette noble générosité qui le distinguoit : les affaires de M. Motteville peuvent se liquider, je l’espère, sans ruiner ses créances, et jusqu’à ce moment je me trouverai fort heureuse de résider à la Vallée.

— Je n’en doute pas, dit madame Chéron avec un sourire plein d’ironie, je n’en doute pas ; et je vois combien la tranquillité, la retraite, ont été salutaires au rétablisse-