Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/51

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considérant qu’Emilie pourroit souffrir un jour de l’inimitié d’un pareil oncle, il ne voulut pas l’y exposer lui-même ; et sa retraite eût sans doute paru peu convenable à des personnes qui montroient pourtant un si foible sentiment des convenances.

Parmi les convives se trouvoient deux gentilshommes italiens. L’un, appelé Montoni, parent éloigné de madame Quesnel, étoit un homme d’environ quarante ans, d’une taille admirable ; sa physionomie étoit mâle autant qu’expressive, mais elle exprimoit en général la fierté d’assurance et la hauteur plutôt que toute autre disposition.

Le signor Cavigni, son ami, ne paroissoit pas avoir plus de trente ans. Il lui cédoit en naissance, mais non pas en pénétration, et le surpassoit dans le talent de s’insinuer.

Emilie fut choquée du ton dont madame Chéron aborda son père. Mon frère, lui dit-elle, je suis fâchée de vous voir un si mauvais visage ; vous devriez consulter quelqu’un. Saint-Aubert répondit, avec un sourire mélancolique, qu’il étoit à-peu-près comme à son ordinaire. Et les craintes d’Emilie lui firent trouver son père bien plus changé qu’il ne l’étoit.