Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/60

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sent, qui la remplissent enfin de cette consolante certitude, qu’il y a un Dieu présent par-tout. Les jouissances de Saint-Aubert portoient l’empreinte de sa pensive mélancolie. Cette disposition prête un charme secret aux objets, et attache un sentiment religieux à la contemplation de la nature.

Ils s’étoient précautionnés contre le manque d’hôtelleries, en portant des provisions dans la voiture ; ils pouvoient donc prendre leurs repas en plein air, et se reposer la nuit par-tout où ils trouveroient une chaumière habitable. Ils avoient aussi fait des provisions pour l’esprit : ils avoient un ouvrage de botanique, écrit par M. Barreaux, et plusieurs poètes latins ou italiens. Emilie, d’ailleurs, emportoit ses crayons, et esquissoit par intervalles les points de vue dont elle étoit le plus frappée.

La solitude de la route augmentoit l’effet de la scène ; à peine rencontroit-on de temps en temps un paysan avec ses mules, ou quelques enfans qui jouoient dans les rochers. Saint-Aubert, enchanté de cette manière de voyager, se décida, s’il pouvoit trouver un chemin, à avancer toujours dans les montagnes, et à n’en sortir qu’en