Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/81

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teté, dit Saint-Aubert, qui déploroit sa précipitation, et lui en expliquoit la cause. Mais Valancourt soigneux d’éviter à ses compagnons la moindre peine à son sujet, surmonta l’angoisse qu’il éprouvoit, et soutint gaiment l’entretien. Emilie gardoit le silence, à moins que Valancourt ne lui adressât directement la parole, et le ton ému dont il le faisoit, suffisoit seul pour exprimer beaucoup.

Ils étoient alors près de ce feu qui tranchoit si vivement sur les ombres de la nuit ; il éclairoit alors toute la route, et l’on pouvoit aisément distinguer les figures qui l’entouroient. Ils reconnurent en s’approchant, une bande de ces Bohémiens qui, particulièrement à cette époque, fréquentoient les Pyrénées, et pilloient le voyageur ; Emilie ne remarqua pas sans effroi l’air farouche de cette compagnie, et le feu qui les découvroit, répandant un nuage de pourpre sur les arbres, les rocs et le feuillage, augmentait l’effet, bizarre du tableau.

Tous ces Bohémiens préparoient leur souper. Une large chaudière étoit au feu, et plusieurs personnes s’occupoient à la remplir. L’éclat de la flamme faisoit voir une espèce de tente grossière, autour de laquelle jouaient pêle-mêle quelques en-