Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/108

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les miens, et que nos cœurs s’entendent. Vous ne savez pas, Emilie, la consolation que je me promets de ces doux momens ; mais je me flatte que vous l’éprouverez à votre tour.

Il est inutile de dire avec quelle émotion Emilie attendit toute la soirée le coucher du soleil : elle le vit décliner sur des plaines à perte de vue, elle le vit descendre et s’abaisser sur les lieux que Valancourt habitoit. Après ce moment, son esprit fut plus calme et plus résigné ; depuis le mariage de Montoni et de sa tante, elle ne s’étoit pas encore sentie si tranquille.

Pendant plusieurs jours, les voyageurs traversèrent le Languedoc : ils entrèrent en Dauphiné. Après quelque trajet dans les montagnes de cette province romantique, ils quittèrent leurs voitures, et commencèrent à monter les Alpes. Ici, des scènes si sublimes s’offrirent à leurs yeux, que les couleurs du langage ne devroient pas oser les peindre. Ces nouvelles, ces étonnantes images occupèrent à tel point Emilie, qu’elles écartèrent quelquefois l’idée constante de Valancourt. Plus souvent elles la rappeloient, elles ramenoient à son souvenir la vue des Pyrénées, qu’ils avoient admirées ensemble, et dont elle croyoit alors