Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/141

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comte plus long-temps : les gondoliers d’un bateau vide, et qui revenoit à Venise, passèrent tout à côté du sien. Sans se tourmenter plus long-temps d’une excuse, il saisit l’occasion, et confiant les dames aux soins de ses amis, il partit avec Orsino. Emilie, pour la première fois, le vit sortir avec regret ; elle regardoit sa présence comme une protection, sans bien savoir ce qu’elle avoit à craindre. Il prit terre à la place Saint-Marc, et courant au casin, il se perdit dans la foule des joueurs.

Le comte avoit secrètement fait partir un de ses gens dans le bateau de Montoni : il avoit demandé sa gondole et ses musiciens. Emilie qui ne savoit rien de ses projets, entendit les joyeuses chansons des gondoliers qui s’approchoient, et qui, placés au bord de leur bateau, troubloient avec leurs rames les flots d’argent où se peignoit la lune : bientôt elle distingua le son des instrumens ; une symphonie bruyante partit ; à l’instant même les bateaux se rencontrèrent, les gondoliers les unirent ; le comte alors expliqua tout, et l’on passa dans sa gondole, que décoroient des ornemens du meilleur goût.

Pendant qu’on partageoit une collation de fruits et de glaces, les musiciens dans