Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/150

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se peignant son image, pour se retracer les environs de la Vallée que sanctifioit la mémoire de ses parens. Ces tableaux qu’elles se faisoit étoient plus doux à son cœur que toute la magnificence des assemblées.

Le comte Morano ne s’en tint pas long-temps au langage muet de l’empressement. Il déclara sa passion à Emilie, et fit ses propositions à Montoni, qui les agréa en dépit des refus d’Emilie. Encouragé par Montoni, et sur-tout par une aveugle vanité, le comte ne désespéra point de son succès. Emilie fut surprise et vivement offensée de sa persévérance.

Morano passoit presque tout son temps chez Montoni ; il y dînoit habituellement, et il suivoit par-tout madame Montoni et Emilie.

Montoni ne parloit plus de ce voyage ; il n’étoit chez lui que lorsque le comte ou le signor Orsino s’y trouvoient. Il se manifestoit une extrême froideur entre lui et Cavigni, quoique le dernier habitât toujours la maison. Montoni étoit enfermé souvent avec Orsino pendant des heures entières ; quel que pût être le sujet de leur conversation, il falloit qu’il fût très-important, puisque Montoni y sacrifioit sa passion favorite pour le jeu, et passoit la nuit dans la mai-