Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/165

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c’est un honneur que je ne sollicitois pas : j’ai déclaré moi-même au comte Morano ainsi qu’à vous, monsieur, que jamais je n’accepterois l’honneur qu’il veut bien me faire, et je le répète.

Le comte regardoit Montoni d’un air de surprise : le maintien de celui-ci montroit aussi de la surprise, mais une surprise mêlée d’indignation. Il y a ici autant d’audace que de caprice, dit-il enfin. Nierez-vous vos propres mots, madame ?

— Une telle question ne mérite point de réponse, monsieur, reprit Emilie en rougissant ; vous vous la rappellerez, et vous vous repentirez de l’avoir faite.

— Répondez catégoriquement, répliqua Montoni, dont la voix s’élevoit avec une nouvelle véhémence. Voulez-vous nier vos propres mots ? voulez-vous nier que tout-à-l’heure vous avez reconnu qu’il étoit trop tard pour échapper à vos engagemens ; que vous avez accepté la main du comte ? voulez-vous le nier ?

— Je nierai tout cela, parce qu’aucun mot de ma bouche n’a jamais rien exprimé de semblable.

— Nierez-vous ce que vous avez écrit à M. Quesnel, votre oncle ? Si vous le faites, votre écriture portera témoignage contre