Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/184

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leva, et permit aux yeux surpris de contempler le magnifique spectacle qu’offroient au loin les montagnes couvertes de neige, leurs cimes garnies de vastes forêts, et les riches plaines qui, s’étendoient à leurs pieds.

Les paysans qui se rendoient au marché, passoient dans leurs bateaux pour aller jusqu’à Venise, et formoient un tableau nouveau sur la Brenta. Les parasols de toile peinte, que la plupart portoient pour se garantir du soleil, les piles de fruits et des fleurs qu’ils arrangeoient dessous, la parure simple et pittoresque des jeunes filles, tout l’ensemble étoit aussi riant que remarquable. La rapidité du courant, la vivacité des rames, le chœur de tous ces paysans qui chantoient à l’ombre de leurs voiles, le son de quelqu’instrument champêtre touché par quelque jeune fille auprès de sa rustique cargaison, il sembloit que la scène eût pris un caractère de fête.

Quand Montoni et M. Quesnel eurent joint les dames, on se promena dans les jardins, dont la charmante distribution réussit à distraire Emilie. La forme majestueuse, la riche verdure des cyprès, qu’elle trouvoit ici dans leur perfection, la hauteur pyramidale des pins, la taille élancée