Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/187

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Morano, son cœur frémissoit à l’idée des violences de son oncle.

Elle n’opposa à tant de colère et d’indignation que la dignité douce d’un esprit supérieur ; mais la fermeté mesurée de sa conduite ne servit qu’à exaspérer le courroux de M. Quesnel, en l’obligeant de reconnoître son infériorité. Il finit par lui déclarer que, si elle persistoit dans sa folie, lui-même et Montoni l’abandonneroient certainement au mépris universel.

Le calme dans lequel Emilie s’étoit maintenue en sa présence l’abandonna, quand elle fut seule : elle pleura amèrement ; elle répéta plus d’une fois le nom de son père, de son père qu’elle ne voyoit plus, et dont elle se rappeloit tous les avis donnés au lit de la mort. Hélas ! disoit-elle, je conçois bien à présent que la force du courage est préférable aux grâces de la sensibilité. Je m’efforcerai d’accomplir ma promesse ; je ne me livrerai pas à d’inutiles lamentations ; j’essaierai de souffrir sans foiblesse l’oppression que je ne puis éviter.

Soulagée, en quelque manière, par la certitude de pratiquer en partie les dernières volontés de Saint-Aubert, et de tenir une conduite qu’il auroit approuvée, elle sécha ses larmes, et quand elle parut