Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/198

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seule dans son appartement. Tantôt elle succomboit à l’effroi et à la douleur ; tantôt elle s’affermissoit contre le danger, et se préparoit à soutenir avec calme et courage le terrible coup du lendemain, quand l’astuce de Morano et la violence de Montoni se trouveroient unies contre elle.

La soirée étoit fort avancée, quand madame Montoni entra dans sa chambre avec les ornemens de mariage que le comte envoyoit à Emilie. Elle avoit évité sa nièce toute la journée, dans la crainte que son insensibilité ordinaire ne l’abandonnât. Elle n’osoit s’exposer au désespoir d’Emilie ; peut-être sa conscience, dont le langage étoit si peu fréquent, lui reprochoit-elle une conduite si dure envers une orpheline, fille de son frère, et dont un père mourant lui avoit confié le bonheur.

Emilie ne voulut pas voir ces présens ; elle tenta, quoique sans espoir, un nouvel et dernier effort pour intéresser la compassion de madame Montoni. Émue peut être alternativement par la pitié ou par le remords, elle sut cacher l’une et l’autre, et reprocha à sa nièce la folie de se tourmenter pour un mariage qui ne manqueroit pas de la rendre heureuse. — Certainement, lui disoit-elle, si je n’étois pas mariée, et que le