Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/203

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— Qui est-ce qui est en bas avec eux, dit Emilie ? Annette, ne m’abusez point.

— Non, pour le monde entier, mademoiselle ; pour le monde entier je ne voudrois point vous tromper. On ne peut s’empêcher de voir que monsieur est dans une telle impatience, que jamais je ne lui en ai vu de semblable. Il m’a envoyée, mademoiselle, pour vous faire lever sur-le-champ.

— Grand Dieu ! soutenez-moi, s’écria Emilie éperdue. Le comte Morano est donc en bas ?

— Non, mademoiselle, il n’est pas en bas, du moins à ma connoissance, dit Annette. Son Excellence m’envoyoit vous dire de vous hâter, parce qu’on alloit quitter Venise, et que dans quelques minutes les gondoles se trouveroient au pied de la terrasse. Il faut que je me dépêche pour retourner auprès de ma maîtresse ; elle ne sait plus auquel entendre, et ne sait comment faire pour se dépêcher assez.

— Expliquez-vous, Annette ; expliquez-moi, avant de me quitter, ce que tout cela veut dire. Emilie étoit tellement troublée de surprise et, même d’espérance, qu’elle pouvoit à peine proférer un seul mot.

— Oh ! mademoiselle, c’est plus que je ne puis faire. Tout ce que je sais, c’est que