Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/242

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Emilie se rappela tout ce que lui avoit dit Valancourt la veille de son départ du Languedoc, relativement à Montoni ; elle se rappela tous les efforts qu’il avoit faits pour la détourner de ce voyage. Ses craintes, depuis ce jour, avoient paru autant de prophéties, et se trouvoient alors confirmées. Son cœur, en se rappelant l’image de Valancourt, se livra à de vains regrets. Mais enfin, sa raison lui offrit une consolation qui, quoique foible d’abord, prit, par la réflexion, une véritable consistance. Elle considéra que, quelles que pussent être ses peines, elle avoit évité d’envelopper Valancourt dans ses malheurs, et que, de quelque nature que fussent ensuite ses chagrins, elle n’avoit du moins aucun reproche à se faire.

Le vent sifflant avec force à la porte et le long du corridor, ajoutoit à sa mélancolie. La flamme récréative du foyer étoit éteinte depuis long-temps. Emilie restoit fixée devant ces cendres froides, quand un tourbillon bruyant, s’engouffrant dans le corridor, ébranla les portes, les fenêtres, et l’alarma d’autant plus par sa violence, qu’il déplaça, dans sa secousse, la chaise dont elle s’étoit servie pour s’enfermer, et entr’ouvrit la porte qui couduisoit au petit