Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/30

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ajoutoit qu’elle vouloit la voir mise avec un peu d’élégance et de goût, et ensuite elle daigna lui montrer toute la splendeur de son château, lui faire remarquer tout ce qui brilloit d’une magnificence particulière, et distinguoit les différens appartemens ; après quoi elle se retira dans son cabinet de toilette. Emilie s’enferma dans sa chambre, déballa ses livres, et charma son esprit par la lecture jusqu’au moment de s’habiller.

Quand on fut rassemblé, Emilie entra dans le salon avec un air de timidité que ses efforts ne pouvoient vaincre. L’idée que madame Chéron l’observoit d’un œil sévère la troubloit encore davantage. Son habit de deuil, la douceur et l’abattement de sa charmante figure, la modestie de son maintien, la rendirent très-intéressante à quelques personnes de la société. Elle reconnut le signor Montoni, et son ami Cavigni ; qu’elle avoit trouvés chez M. Quesnel ; ils avoient dans la maison de madame Chéron toute la familiarité d’anciennes connoissances ; elle paroissoit elle-même les accueillir avec grand plaisir.

Le signor Montoni portoit dans son air le sentiment de sa supériorité : l’esprit et les talens dont ils pouvoient la soutenir,