Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/32

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d’entendre tout, ou plutôt elle n’y mettoit point d’affectation. N’étant jamais sortie d’une ignorance parfaite, elle n’imaginoit pas qu’elle eût rien à apprendre ; elle obligeoit tout le monde à s’occuper d’elle, amusoit quelquefois, fatiguoit au bout d’un moment, et puis étoit abandonnée.

Emilie, quoique amusée de tout ce qu’elle avoit vu, se retira sans peine, et se replongea volontiers dans les souvenirs qui lui plaisoient.

Une quinzaine se passa dans un train de dissipation et de visites ; Emilie accompagnoit madame Chéron par-tout, s’amusoit quelquefois, et s’ennuyoit souvent. Elle fut frappée des connoissances et de l’apparente instruction que développoient les conversations autour d’elle. Ce ne fut que long-temps après, qu’elle reconnut l’imposture de tous ces prétendus talens. Ce qui la trompa le plus, fut cet air de gaîté constante, et sur-tout de bonté qu’elle remarquoit dans chaque personnage. Elle imaginoit qu’une obligeance habituelle et toujours prête, en étoit le véritable fondement. À la fin, l’exagération de quelques personnes moins exercées que les autres, lui fit soupçonner que, si le consentement et la bonté sont les seuls principes d’une aménité