Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que ce jeune homme eût pris la liberté de m’écrire, si vous ne l’eussiez pas encouragé. Vous me permettrez de vous rappeler, madame, dit Emilie d’une voix timide, quelques particularités d’un entretien que nous eûmes ensemble à la Vallée : je vous dis alors avec franchise que je ne m’étois point opposée à ce que M. de Valancourt pût s’adresser à ma famille.

— Je ne veux point qu’on m’interrompe, dit madame Chéron ; je… je… Pourquoi ne le lui avez-vous pas défendu ? Emilie ne répondoit pas. Un homme que personne ne connoît, absolument étranger ; un aventurier qui court après une héritière ! mais du moins, sous ce rapport, on peut bien dire qu’il s’est trompé.

— Je vous l’ai déjà dit, madame, sa famille étoit connue de mon père, dit Emilie modestement, et sans paroître avoir remarqué sa dernière phrase.

Oh ! ce n’est point du tout un préjugé favorable, répliqua la tante avec sa légèreté ordinaire. Il avoit des idées si folles ! Il jugeoit les gens à la physionomie. Madame, dit Emilie, vous me croyiez coupable tout-à-l’heure, et vous le jugiez pourtant sur ma physionomie. Emilie se permit ce reproche pour répondre au ton peu respec-