Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/45

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arbres sous lesquels on étoit assemblé, étoient illuminés d’innombrables lampions disposés avec toute la variété possible. Les différens costumes ajoutaient au plaisir des yeux. Pendant que les uns dansoient, d’autres assis sur le gazon, causoient en liberté, critiquoient les parures, prenoient des rafraîchissemens, ou chantoient des vaudevilles avec la guitare. La galanterie des hommes, les minauderies des femmes, la légèreté des danses, le luth, le hautbois, le tambourin, et l’air champêtre que les bois donnoient à toute la scène, faisoient de cette fête un modèle fort piquant des plaisirs et du goût français. Emilie considéroit ce riant tableau avec une sorte de plaisir mélancolique. On peut concevoir son émotion quand, en jetant les yeux sur une contredanse, elle y reconnut Valancourt. Il dansoit avec une jeune et belle personne, et paroissoit lui rendre des soins empressés. Elle se détourna promptement, et voulut entraîner madame Chéron, qui causoit avec le signor Cavigni sans avoir vu Valancourt. Une foiblesse subite obligea Emilie de s’asseoir sur un banc entre les arbres, où d’autres personnes étoient assises. L’extrême pâleur qu’on lui remarqua, fit croire qu’elle se trouvoit mal. Elle craignoit si fort que