Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/50

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satirique de cette phrase, et ne sentoit point la peine qu’Emilie éprouvoit pour elle. Oh ! voici le signor Montoni lui-même, dit la tante. Je vais lui raconter toutes les jolies choses que vous venez de me dire. Le signor, néanmoins, passa dans une autre allée. Je vous prie, dites-moi ce qui peut occuper si fort votre ami pour ce soir, demanda madame Chéron, d’un air chagrin ? Je ne l’ai pas vu une fois.

Il a, dit Cavigni, une affaire particulière avec le marquis Larivière, qui, à ce que je vois, l’a retenu jusqu’à ce moment ; car il n’eût pas manqué de vous offrir son hommage.

Par tout ce qu’elle entendoit, Emilie crut s’appercevoir que Montoni courtisoit sérieusement sa tante ; que non-seulement elle s’y prêtoit, mais qu’elle s’occupoit avec jalousie de ses moindres négligences. Que madame Chéron, à son âge, voulût choisir un second époux, ce parti sembloit ridicule ; cependant sa vanité ne le rendoit point impossible : mais qu’avec son esprit, sa figure, ses prétentions, Montoni pût choisir madame Chéron, voilà ce qui surtout étonnoit Emilie. Ses pensées, néanmoins, ne la fixèrent pas long-temps sur cet objet. De plus pressans intérêts la tour-