Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/72

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avançoit et qu’il découvroit les traces du désespoir dans les traits et l’air d’Emilie en pleurs. Emilie ! il faut que je vous parle, dit-il ; j’ai mille choses à tous dire : conduisez-moi quelque part où nous puissions causer en liberté. Vous tremblez ! vous n’êtes pas bien ; laissez-moi vous conduire à un siège.

Il vit une porte ouverte, et prit vivement la main d’Emilie pour l’entraîner dans cet appartement ; mais elle essaya de la retirer, et lui dit avec un sourire languissant : Je suis déjà mieux. Si vous voulez voir ma tante, elle est dans le salon. C’est à vous que je veux parler, mon Emilie, répliqua Valancourt. Grand Dieu ! en êtes-vous déjà à ce point ? Consentez-vous si facilement à m’oublier ? Cette salle ne nous convient point, j’y puis être entendu. Je ne veux de vous qu’un quart-d’heure d’attention. — Quand vous aurez vu ma tante, dit Emilie. — J’étois assez malheureux en venant ici, s’écria Valancourt ; ne comblez pas ma misère par cette froideur, par ce cruel refus.

L’énergie avec laquelle il prononça ces mots la toucha jusqu’aux larmes ; mais elle persista à refuser de l’entendre, jusqu’à ce qu’il eût vu madame Montoni. Où est son