Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/88

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tance ? Vous allez trouver de nouvelles sociétés, de nouveaux amis, de nouveaux admirateurs ; on s’efforcera de me faire oublier, on vous préparera à de nouveaux liens. Comment puis-je savoir cela, et ne pas sentir que vous ne reviendrez plus pour moi, que jamais vous ne serez à moi ? Sa voix fut étouffée par ses soupirs.

— Vous croyez donc, dit Emilie, que l’affliction que j’éprouve vienne d’une affection légère et momentanée ? vous le croyez ?

— Souffrir ! interrompit Valancourt, souffrir pour moi ! ô Emilie, qu’elles sont douces, qu’elles sont amères ces paroles ! Je ne dois pas douter de votre constance ; et pourtant, telle est l’inconséquence du véritable amour, il est toujours prêt à accueillir le soupçon ; lors même que la raison le réprouve, il voudroit toujours une assurance nouvelle. Je renais à la vie, comme si je l’apprenois pour la première fois, quand vous me dites que je vous suis cher ; dès que je ne vous entends plus, je retombe dans le doute, et je m’abandonne à la défiance. Puis, paroissant se recueillir, il s’écria : Que je suis coupable de vous tourmenter ainsi dans ce moment, moi qui devrois vous consoler et vous soutenir !

Cette réflexion attendrit singulièrement