Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/105

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elle les trouva dans une violente contestation ; elle vouloit se retirer quand sa tante la rappela, et prétendit qu’elle fût présente. — Vous serez témoin, dit-elle, de ma résistance. Maintenant, monsieur, répétez le commandement auquel j’ai si souvent refusé d’obéir.

Montoni se retourna, et prenant un visage sévère, il enjoignit à Emilie, de se retirer sur-le-champ. Sa tante insista pour qu’elle ne partît point. Emilie desiroit échapper au spectacle d’une pareille querelle, elle desiroit de servir sa tante, mais elle désespéroit d’appaiser Montoni, dans les regards duquel se peignoit en trait de feu la violente tempête de son ame.

— Sortez, dit-il d’une voix de tonnerre. Emilie obéit, et se retira sur le rempart où les étrangers n’étoient plus. Elle médita sur le malheureux mariage qu’avoit fait la sœur de son père, et sur l’horreur de sa propre situation, dont la ridicule imprudence de sa tante étoit aussi devenue la cause. Elle eût bien voulu lui porter autant de respect que d’attachement, mais la conduite de madame Montoni avoit toujours rendu cet effort impossible. Le bon cœur d’Emilie étoit pourtant pénétré de sa détresse, et la pitié qu’elle ressentoit lui faisoit oublier