Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pénétroit Emilie et d’étonnement et de crainte ; elle frémissoit à la pensée de se voir exposée à de tels regards, et les paroles du comte Morano n’étoient pas faites pour calmer ses frayeurs. Il fallut se préparer à paroître au dîner ; elle s’habilla plus simplement encore qu’à l’ordinaire pour éviter qu’on la remarquât. Cette politique ne lui réussit pas, et quand elle retourna chez sa tante, Montoni lui reprocha ses airs de prude ; il lui prescrivit une parure très-brillante, et entre autres, les ornemens destinés pour son mariage avec le comte Morano. L’ajustement n’étoit pas fait à la mode vénitienne, mais à celle de Naples ; il développoit sa taille de la manière la plus avantageuse. Les beaux cheveux châtains d’Emilie, entremêlés de perles, devoient retomber en longues tresses sur son cou. Une simplicité du meilleur goût caractérisoit cette magnifique parure, et la beauté naturelle d’Emilie n’avoit jamais brillé de tant d’éclat. Sa seule espérance, en ce moment, étoit que Montoni projetoit moins quelque événement extraordinaire, que le triomphe de l’ostentation, en étalant aux yeux des étrangers les richesses de sa famille. Quand elle entra dans la salle, où un repas magnifique avoit été servi, Mon-