Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/206

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si-tôt que Bernardin ne seroit plus avec elle.

Les momens s’écouloient, et Bernardin ne paroissoit pas : Emilie devenant inquiète, hésita si elle attendroit plus long-temps ; elle auroit envoyé Annette le chercher au portail, si elle n’eût craint de rester seule. La nuit alors étoit tout-à-fait close : une foible ligne rougeâtre indiquoit seule à l’occident, que le jour venoit de disparoître ; cependant, le vif intérêt qu’elle prenoit au secret que Bernardin avoit à lui dire, surmonta toute espèce de crainte, et suffit pour la retenir.

Tandis qu’avec Annette elle raisonnoit sur le retard de cet homme, elles entendirent une clef tourner dans la serrure ; elles virent bientôt un homme qui s’avançoit vers elles, c’étoit Bernardin. Emilie se hâta de lui demander ce qu’il avoit à lui dire, et le pria de ne pas perdre de temps : cet air du soir me glace, lui dit-elle.

Renvoyez votre suivante, mademoiselle, lui dit cet homme. Le ton de voix sépulcrale avec laquelle il lui parloit la fit frémir : ce que j’ai à dire n’est que pour vous.

Emilie hésita un peu ; mais enfin elle pria Annette de s’éloigner de quelques pas. Maintenant, mon ami, qu’avez-vous à me dire ?