Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/216

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un mystère aussi important, et qu’il lui avoit tant recommandé, cela étoit peu probable. Il venoit cependant de lui remettre un message relatif à leur entrevue. Il demandoit qu’Emilie vînt la trouver seule, une heure après minuit, sur la terrasse, et ajoutoit qu’il se conduirait comme il l’avoit promis. Emilie frémit d’une telle proposition. Mille craintes vagues, semblables à celles qui toute la nuit l’avoient agitée, lui percèrent le cœur à-la-fois. Elle ne savoit quel parti prendre. Il lui venoit souvent à l’esprit que Bernardin avoit pu la tromper ; que peut-être déjà il étoit l’assassin de madame Montoni ; qu’il étoit en ce moment l’agent de Montoni lui-même, et qu’il la vouloit sacrifier à l’exécution de ses projets. Le soupçon que madame Montoni ne vivoit plus, se réunit en elle aux craintes personnelles qu’elle éprouvoit. Si le crime qui ravissoit le jour à madame Montoni n’étoit pas uniquement l’effet du ressentiment, sans aucun but de fortune, ce qui ne paroissoit pas conforme au caractère de Montoni, l’objet étoit manqué tout le temps que la nièce existoit ; et Montoni savoit que les biens de sa tante devenoient les siens. Emilie se rappeloit les paroles qui l’avoient informée de ses