Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/230

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métal. Elle la regarda long-temps avec horreur et surprise : elle observa des barres de fer faites pour entraver les pieds, et de pareils anneaux sur les bras du fauteuil ; elle jugea bien que cette odieuse machine étoit un instrument de torture, et elle pensa que quelque infortuné, enchaîné dans cette place, y avoit dû mourir de faim. Elle se sentit glacée jusqu’au fond de l’ame ; mais quand il lui vint à l’esprit que sa tante étoit une des victimes, et qu’elle-même alloit le devenir, une crise violente la saisit. Incapable de tenir la lampe, et cherchant à se soutenir, elle se plaça sans y songer sur le fauteuil de fer. Voyant soudain où elle étoit, elle tressaillit dans l’excès de l’horreur, et se précipita à l’autre bout de la chambre ; là, elle chercha un siège, et n’apperçut qu’un très-sombre rideau qui descendoit du haut en bas, et déroboit toute une partie de cet appartement. Eperdue comme elle l’étoit, ce rideau la frappa, et elle resta occupée à le regarder avec étonnement et frayeur.

Il lui parut que ce rideau cachoit une retraite : elle desiroit et craignoit de le lever et de découvrir ce qu’il voiloit ; deux fois elle fut retenue par le souvenir du spectacle terrible que sa main téméraire avoit dé-