Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/236

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péta le nom plusieurs fois ; et quand elle l’oublioit, elle soupiroit soudain, et retomboit dans sa rêverie.

Annette eut peine à la conduire au lit. Emilie, avant d’y entrer, l’examina d’un œil inquiet et égaré. Elle se tourna ensuite toute tremblante vers Annette, qui, alors plus effrayée, s’avança vers la porte pour aller engager une des servantes à passer la nuit avec elle. Emilie, la voyant s’éloigner, la rappela par son nom, et de sa voix si douce et si plaintive, la conjura de ne pas l’abandonner aussi. Depuis la mort de mon père, lui dit-elle, tout le monde m’abandonne.

Votre père, mademoiselle, dit Annette ! il étoit mort avant que vous me connussiez.

Il l’étoit ! cela est vrai, dit Emilie. Et ses pleurs commencèrent à couler. Elle pleura long-temps en silence ; et, devenue un peu plus calme, elle finit par céder au sommeil. Annette avoit eu la discrétion de ne point interrompre ses larmes ; et cette bonne fille, aussi affectionnée qu’elle étoit simple, oublia en ce moment toutes les craintes que lui inspiroit cette chambre, et veilla seule près d’Emilie pendant toute la nuit.


fin du troisième volume.