Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/31

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doient le long d’un roc escarpé, au pied duquel un torrent jaillissant avec bruit, se précipitoit sous de vieux sapins, dans une gorge profonde. Un léger brouillard occupoit le fond des vallées lointaines ; et se dissipant par degrés aux rayons du soleil, découvroit l’un après l’autre les arbres, les coteaux, les troupeaux et leurs conducteurs.

C’étoit en contemplant ces admirables aspects, qu’Emilie cherchoit à se distraire ; et ce ne fut pas sans succès. La fraîcheur du matin contribuoit à la ranimer. Elle éleva ses pensées vers le ciel ; elle s’y sentoit toujours plus disposée, quand elle goûtoit la sublimité de la nature, et que son esprit recouvroit ses forces.

Quand elle se retira de la fenêtre, ses yeux se tournèrent sur la porte qu’elle avoit, la nuit précédente, assurée avec tant de soin. Elle se détermina à en examiner l’issue ; mais en se rapprochant pour écarter les chaises, elle s’apperçut que déjà elles l’étoient un peu. Sa surprise ne peut s’imaginer quand, l’instant d’après, elle vit la porte toute fermée. Elle fut frappée comme si elle eût vu une apparition. La porte sur le corridor étoit fermée comme elle l’avoit laissée ; mais l’autre porte qu’on ne pouvoit assujettir qu’à l’extérieur, avoit nécessai-