Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/48

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uniquement le développement et l’énergie de ses facultés.

Le repas fut silencieux. La tristesse du château sembloit influer sur la gaîté ordinaire de Cavigni ; mais aux nuages de sa physionomie se mêloit alors une fierté que rarement on y distinguoit. Le comte Morano ne fut pas nommé. La conversation roula toute sur les guerres qui, dans ce temps, déchiroient l’Italie, sur la force des armées vénitiennes et le caractère des généraux.

Après dîner, quand les domestiques furent partis, Emilie sut que le cavalier sur lequel Orsino avoit assouvi sa vengeance, étoit mort par suite de ses blessures, et qu’on cherchoit avec soin le meurtrier. Cette nouvelle parut alarmer Montoni ; mais il dissimula promptement, et s’informa où Orsino s’étoit caché. Tous ses hôtes, excepté Cavigni, ignoroient que Montoni eût, à Venise, favorisé sa fuite. Ils lui répondirent qu’Orsino s’étoit échappé la même nuit avec tant de précipitation et de secret, que même ses plus intimes amis n’en avoient rien appris. Montoni se blâma lui-même d’avoir fait une pareille question. Une seconde réflexion lui persuada qu’un homme aussi soupçonneux qu’Orsino