Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/74

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écoutez-moi : je vous aime, et je suis au désespoir, oui, au désespoir. Puis-je vous regarder, puis-je penser que c’est peut-être pour la dernière fois, et ne pas éprouver toutes les fureurs du désespoir ? Non, il n’en sera pas ainsi. Vous serez à moi en dépit de Montoni, en dépit de toute sa bassesse.

En dépit de Montoni ! s’écria Emilie avec vivacité. Ô ciel ! qu’est-ce que j’entends ?

Vous entendez que Montoni est un infâme, s’écria Morano dans toute sa véhémence, un infâme qui vous vendoit à mon amour ; qui…

Et celui qui m’achetoit l’étoit-il moins, dit Emilie en jetant sur le comte un regard de mépris ? Sortez, monsieur, sortez à l’instant. Puis elle ajouta d’une voix émue par l’espoir et la crainte, ou je donnerai l’alarme à tout le château, et j’obtiendrai du ressentiment de M. Montoni ce que j’ai vainement imploré de sa pitié. Emilie savoit pourtant bien qu’elle ne pourroit être entendue par ceux qui pourroient la secourir.

N’espérez rien de sa pitié, dit Morano ; il m’a trahi avec indignité ; toute ma vengeance le poursuivra : et quant à vous, Emilie, il a sans doute quelque projet plus