Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/76

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l’avoit, dans l’origine, vendue à Morano. Il étoit clair qu’ensuite il avoit rétracté sa promesse, et la conduite du comte le prouvoit. Il étoit presqu’aussi certain qu’un projet plus avantageux avoit seul décidé l’égoïste Montoni à abandonner le plan qu’il avoit si vigoureusement pressé. Ces réflexions la firent frémir des ouvertures que lui suggéroit Morano, et qu’elle n’hésitoit point à croire. Mais tandis qu’elle tressailloit à l’idée des malheurs et de l’oppression, qui l’attendoient dans le château d’Udolphe, il lui fallut considérer que l’unique moyen d’échapper étoit la protection d’un homme avec qui des malheurs plus certains, et non moins terribles, ne pouvoient manquer de l’assaillir ; des maux, enfin, dont elle ne pouvoit soutenir la pensée.

Son silence encouragea l’espoir de Morano. Il l’observoit avec une vive impatience, il reprit, malgré elle, la main qu’elle avoit retirée ; il la pressa contre son cœur, et la conjura de se décider. Chaque instant de délai rend, disoit-il, le départ plus dangereux ; ce peu de momens perdus peuvent fournir à Montoni le moyen de nous surprendre.

Je vous le demande, monsieur, ne m’im-