Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/118

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en de noires forêts de cyprès, de pins, et de mélèzes ; c’étoit un désert si sauvage, si reculé, que si la mélancolie pouvoit se choisir une résidence, ce lieu auroit été son séjour de prédilection.

Ce fut dans ce désert qu’ils se proposèrent de se reposer. La nuit va venir, dit Ugo, et les loups seroient à craindre au moment d’une halte. C’étoit pour Emilie une alarme nouvelle, mais inférieure à celle de se trouver livrée la nuit, et en de tels lieux, à de telles gens. Les horribles soupçons qu’elle avoit conçus sur les desseins de Montoni, se présentèrent avec plus de force ; elle s’efforça d’empêcher le repos que les hommes vouloient prendre, et demanda avec inquiétude combien de chemin il lui restoit à faire.

— Plusieurs lieues encore, dit Bertrand : vous pouvez, signora, ne pas manger, si cela vous plaît ; mais pour nous, nous voulons souper tandis que nous le pouvons ; nous en aurons un peu besoin avant que de finir ce voyage. Le soleil va se coucher : arrêtons-nous sous cette roche.

Le camarade y consentit : on détourna les mules, on avança jusqu’au rocher sur lequel croissoient de grands mélèzes. Emilie suivit en tremblant ; ils la descendirent de