Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/126

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les nuages étoient lourds, leurs bords étoient rougis d’un cramoisi sulfureux, et répandoient une teinte enflammée sur les pins des forêts. Le zéphyr qui agitoit les arbres murmuroit sourdement entre leurs branches, et faisoit entendre une sorte de gémissement qui ne faisoit qu’ajouter à l’effroi d’Emilie. Les montagnes enveloppées dans l’ombre, les torrens qui mugissoient au loin, les sombres forêts et les profondes vallées, où se rencontroient des cavernes qu’ombrageoient des cyprès avec des sycomores, tout se confondoit avec l’obscurité. Emilie, d’un œil inquiet, cherchoit à découvrir l’extrémité de ce vallon ; elle crut qu’il n’en avoit aucune : ni hameau, ni chaumière ne se découvroient. On n’entendoit ni aboyer les chiens, ni retentir le plus léger bruit. Emilie, d’une voix tremblante, hasarda de rappeler à ses guides qu’il commençoit à être tard, et à leur demander jusqu’où ils avoient à aller. Ils étoient trop occupés de leur entretien pour prendre garde à sa question. Elle s’abstint de la répéter, pour s’épargner quelque réponse insolente. Ils finirent pourtant leur souper, en recueillirent les débris, et reprirent la route du vallon, dans un morne silence. Emilie continuait de rêver à sa propre si-